SLAVES DU SUD (ART DES)

SLAVES DU SUD (ART DES)
SLAVES DU SUD (ART DES)

La pénétration des Slaves dans la péninsule balkanique au VIe siècle arrête le développement de l’art chrétien dans les régions où ils finissent par s’établir. Leur venue entraîne la ruine de nombreuses villes byzantines florissantes (Sirmium, Naissus, Scupi, Stobi...) et la disparition d’imposants sanctuaires. Au IXe siècle seulement, la christianisation et la création des premiers États slaves amèneront les populations nouvelles à entrer dans l’orbite de l’art chrétien: les Slaves de l’Est dans la sphère byzantine, ceux de l’Ouest dans la sphère romaine. Tandis que Bulgares et Macédoniens demeurent jusqu’à l’époque la plus récente dans le sillage de la culture et de l’art byzantins, et que les Croates et les Slovènes adoptent aussitôt les formes de vie et de civilisation européennes occidentales, les Serbes, eux, installés dans une zone qui depuis l’Antiquité avait délimité les États et les cultures de l’Est et de l’Ouest, réalisent une extraordinaire coexistence des mentalités, en matière de confessions, de culture et d’art. La grande étendue des territoires que les groupes ethniques serbes et leurs États avaient tour à tour occupés puis abandonnés au cours de leur histoire explique que les centres régionaux sont plus nombreux chez les Serbes que chez les autres Slaves du Sud. Cependant, les plus belles œuvres du Moyen Âge que les Serbes ont laissées sont inspirées par Byzance et l’esprit byzantin.

L’art bulgare s’est développé au cours des siècles sous le signe des doctrines esthétiques qui dominent le monde orthodoxe. Il est influencé par les changements du goût de la capitale byzantine et utilise les découvertes des différentes écoles dont il est l’héritier légitime. Il entretient de nombreux rapports avec la culture des pays voisins. Les conditions géographiques et politiques permettent en effet aux artistes d’emprunter directement non seulement à l’héritage antique, mais aussi à l’art du Proche-Orient, tout en enrichissant d’éléments iconographiques et plastiques originaux le vocabulaire pictural orthodoxe. Les trouvailles élaborées dans les centres artistiques s’acheminent vers les pays voisins et gagnent même la Russie (les motifs tératologiques dans l’illustration de livres, du XIe au XIIIe siècle). Le caractère particulier de ce développement se maintient sous la domination turque (1396-1878), durant laquelle la fidélité aux modèles médiévaux n’est point considérée comme un anachronisme, mais comme une condition de la préservation du génie ethnique. C’est pourquoi, malgré l’influence des styles occidentaux, l’art bulgare a une datation spécifique (au cours de la renaissance qui s’épanouit aux XVIIIe et XIXe siècles, les anciens concepts ne furent pas tout à fait abandonnés).

1. Bulgarie

Les sources de l’art bulgare

Ce sont les Thraces qui ont laissé les premières œuvres importantes sur les terres bulgares. Ils occupent les régions centrales et orientales de la péninsule balkanique jusqu’à la fin du deuxième millénaire avant J.-C. et maintiennent de fructueuses relations séculaires avec le monde égéen. L’admiration avec laquelle Homère parle de leur orfèvrerie atteste la renommée de leur artisanat: ils sont aussi habiles que leurs voisins dans l’art de travailler les métaux précieux, et le bestiaire fantastique qu’ils créent rivalise avec succès avec les modèles scythes. Les trésors trouvés à Panagjurište, Letnitza, Vratza, Valtchidram, Lukovit, etc., démontrent l’extension de leurs relations avec la civilisation du Proche-Orient ainsi que la richesse de leurs propres vues esthétiques. Leurs chefs furent inhumés dans des sépultures dont certaines impressionnent par leurs dimensions et leurs hourds qui évoquent les tombeaux de Mycènes (tel le tombeau de Mézek) et d’autres frappent par la splendeur de leurs peintures. Bien qu’elles n’aient pas été célébrées dans les œuvres de Xénocrate et de Philostrate, les fresques du tombeau de Kazanlik (IVe s. av. J.-C.) peuvent être comparées aux œuvres classiques grecques les plus célèbres.

La fondation des colonies grecques sur le littoral ouest de la mer Noire – Odessos (actuellement Varna), Apolonia (Sozopol), Messembria (Nesebr), etc., entre le VIIIe et le VIIe siècle avant J.-C. – ouvre une nouvelle page dans l’histoire de l’art thrace. Les navires des nouveaux conquérants transportent non seulement des guerriers, des olives et des vins, mais aussi des amphores, des sculptures en pierre et des objets d’or. Ces œuvres introduisent l’esthétique du siècle de Périclès, dont les canons savants reconsidérés sous l’angle des anciennes traditions locales deviennent la base d’une production artistique très variée. Aussi, lorsque les légions de Vespasien et de Trajan font de ces terres des provinces romaines, les voies d’acheminement de la culture antique deviennent-elles plus aisées. Des rives du Danube, où se dressent des villes fortes comme Durastrum (l’actuelle Silistra) et Ulpia-Escus (près du village de Guiguen), jusqu’à la vallée de la Maritza, où selon la mythologie Orphée a pleuré Eurydice, on trace des routes, on construit des aqueducs, des ensembles urbains dotés d’amphithéâtres, de temples et de thermes. Des portraits réalistes et des copies d’antiques célèbres embellissent les habitations des vivants, tandis que des sarcophages de pierre aux motifs hellénistiques (guirlandes, bucranes et feuilles d’acanthe) assurent le calme aux morts. Les édifices publics et les maisons sont ornés de colonnades et de mosaïques; les sépultures de peintures murales possédant souvent de hautes qualités artistiques (les fresques du tombeau de Silistra, IIIe s.; les mosaïques de la villa située près d’Armira, département d’Ivailovgrad, IVe s.). Pour les temples et les sanctuaires, on décore de petites plaques à l’effigie de Dionysos, de Diane, d’Hercule, et le plus souvent d’Éros, le dieu-cavalier qui était particulièrement vénéré par la population thrace. On retrouve nombre de motifs de ces cultures dans les œuvres du premier art chrétien. Les fondations et les parties conservées des superstructures des basiliques de Hissar (département de Plovdiv), de Nesebr, aux environs de Pleven (lieu dit Kailaka), et d’autres, les fragments de la décoration murale de l’église Rouge, près du village de Peruchtitza, les sépultures de l’actuelle église Sainte-Sophie de Sofia prouvent que le processus de développement de l’art nouveau se déroula sur les terres bulgares au même rythme et avec une égale ampleur que dans les autres régions du monde chrétien oriental. Les acquisitions de toutes ces cultures ont une grande importance pour le développement de l’art bulgare du Moyen Âge, bien qu’elles aient été rejetées par l’Église chrétienne comme tout l’héritage de l’Antiquité païenne. Leur utilisation représente assez souvent un préalable à la conquête de nouveaux résultats artistiques. La parenté des motifs tératologiques thraces avec les figures les plus caractéristiques de la sculpture décorative bulgare des IXe et Xe siècles, ainsi que la ressemblance avec les monstres qui illustrent les manuscrits bulgares du XIIe au XIVe siècle ne sont qu’un des exemples de cette continuité des idées artistiques. Les éléments de la peinture hellénique que nous voyons dans les peintures murales de l’ossuaire de Ba face="EU Caron" カkovo (XIe-XIIe s.) ou de l’église de Boïana (1259), les ressemblances surprenantes entre les effigies en relief du cavalier thrace et les variantes iconographiques populaires des guerriers-saints Georges et Dimitri ainsi que beaucoup d’autres phénomènes peuvent être considérés comme la preuve d’une continuité culturelle maintenue durant des siècles.

Le premier essor

Vers la fin du Ve et au début du VIe siècle, les terres des anciens Thraces sont envahies par les tribus slaves qui peuplent presque toute la péninsule balkanique, atteignant même le Péloponnèse et les îles de la mer Égée. Bâtisseurs habiles de maisons en bois et artisans raffinés, ils connaissent l’art de la sculpture sur bois et l’orfèvrerie – bracelets, pendentifs et amulettes décorés de pointillés en relief ou en creux, de spirales affrontées, de triangles, de personnages ou d’oiseaux. Ils produisent une céramique intéressante, dans laquelle ils unissent les ornements linéaires ou sinueux usités à l’époque et appliqués à l’aide d’un instrument à dents (peigne) à leurs propres formes typiquement slaves (base étroite, épaules larges, col court et «vinette» épaisse). Le contact avec la civilisation méditerranéenne enrichit leurs connaissances sans changer le caractère essentiellement populaire et original de leurs traditions. Après la mort du kh n Koubrat (vers 660) qui s’était mis à la tête d’une importante union de tribus dénommée par les chroniqueurs du temps «la Grande Bulgarie», une partie des Bulgares quittent leur territoire situé entre la mer Caspienne et la mer Noire et se dirigent vers l’ouest, gagnant les frontières septentrionales de l’Empire byzantin. Après plusieurs combats victorieux contre les armées de Constantin IV Pogonate, ils franchissent le Danube avec le kh n Asparuch à leur tête pour établir en 681 les fondements de l’État bulgare indépendant. Les Bulgares étaient numériquement bien inférieurs aux tribus slaves installées dans la péninsule balkanique. Ils parvinrent néanmoins à regrouper celles-ci autour d’eux, forgeant ainsi une union durable et s’infiltrant irrésistiblement dans les possessions byzantines. Sur cette base s’effectue l’interpénétration de leurs cultures. Les premiers monuments du nouvel État slavo-bulgare sont d’un caractère sévère et important. Après la victoire sur l’empereur Nicéphore, le kh n Kroum (803-814) reconstruit la capitale Pliska, et dans l’enceinte fortifiée appelée «la ville intérieure» surgissent les silhouettes imposantes du Grand Palais, du Temple païen et du Petit Palais. La deuxième capitale du pays, Preslav, continue les traditions de Pliska. Pendant le règne mouvementé de Siméon (893-927), elle se transforme en une cité énorme à conception urbanistique moderne; un double rempart la ceint, chose fort rare en ces temps-là. Certains des bâtiments appartenant à cette période frappent l’imagination par leurs dimensions – la basilique de l’archevêché construite à Pliska sous le règne du prince Boris (852-889) a 99 m de longueur et 29,5 m de largeur. Une grande partie de ces édifices était décorée de sculptures et de peintures, comme en témoignent les œuvres de Jean Skylitzès, Théophane et d’autres chroniqueurs byzantins, ainsi que les descriptions de l’écrivain bulgare contemporain Jean l’Exarque. Les cubes dorés des mosaïques provenant des ruines de l’église Ronde ou Dorée à Preslav (Xe s.) en sont également des exemples. Après la conversion au christianisme en 865, l’influence de l’art byzantin en Bulgarie augmente, mais ses principes sont interprétés selon les goûts locaux, les mœurs et le mode de vie. Les façades et les intérieurs des églises bulgares sont ornés de carreaux de céramique fabriqués à Preslav et aux alentours (le lieu dit Panteleina). Sur ces carreaux multicolores, on trouve non seulement des motifs décoratifs variés (losanges, cercles, palmettes, etc.), mais aussi de magnifiques portraits de saints (l’icône en céramique de saint Théodore, du Xe siècle, et une série d’effigies d’évangélistes et d’archanges dont certaines furent trouvées entre 1968 et 1970). Les blocs et les plaques en pierre destinés aux corniches, incrustés de verres multicolores, ainsi que les reliefs, qui servent probablement de portiques d’autel, avec des motifs végétaux et zoomorphes stylisés (griffon, lion, palmettes), constituent autant d’éléments originaux. Malheureusement, l’essentiel de cet héritage est détruit. Parmi les monuments conservés, un des plus importants est le Cavalier de Madara, bas-relief majestueux taillé dans un rocher élevé, aux environs du village de Madara; il représente un cavalier, grandeur nature, suivi d’un chien, qui perce de sa lance un lion que son cheval piétine (IXe s.). Ce bas-relief symbolise la puissance du pouvoir des kh ns, et sa conception n’a pas d’équivalent dans l’art européen de cette époque. Les miniatures bulgares sont aussi détruites. D’après de nombreuses copies russes des livres bulgares (le Recueil de Svetoslav de 1073 à Moscou), on peut se rendre compte que les illustrateurs bulgares unissent à l’iconographie byzantine des réminiscences de l’ancien héritage local et des emprunts à l’art de l’Asie Mineure. Pendant la domination byzantine, le rôle des anciens foyers culturels diminue. Les monuments caractéristiques de cette époque sont l’ossuaire du monastère de Ba face="EU Caron" カkovo (fondé en 1083) et les fresques de Nerezi (1164).

Le rayonnement de Tirnovo

Pendant le deuxième royaume bulgare (1187-1396), la nouvelle capitale, Tirnovo, exerce une influence décisive sur l’art du pays. La céramique retrouvée au cours de fouilles archéologiques (ornée de motifs végétaux et de personnages fantastiques), les manuscrits conservés et le grand nombre d’églises permettent, bien que ces dernières soient en ruine, de parler non seulement de l’essor créateur de Tirnovo, mais aussi de l’existence d’une école artistique dans la ville. Les traits architecturaux communs des petites églises à nef unique édifiées sur les collines Tzarevetz et Trapesitza, ainsi que le caractère spécifique de leurs fresques d’une expression très libre en sont le témoignage. Il convient de souligner la richesse du coloris, la finesse des plis loin de tout schématisme, la douceur du modelé de ces fresques (tel est le style des fresques de l’église des Quarante-Martyrs à Tirnovo, 1230). En même temps, le désir des féodaux souverains d’être indépendants de la capitale et de rivaliser avec sa splendeur favorise la création et l’épanouissement de centres artistiques provinciaux. Les fresques du village d’Ivanovo (XIVe s.), du monastère de Zemen (XIVe s.), du village de Berende (env. 1230), du village de Bobošévo (église Saint-Théodore, XIVe s.), le monastère de Rila (l’église de la tour Chrélu, 1334-1335) représentent une interprétation stylistique riche et variée du canon iconographique obligatoire, et, en certains cas, des emprunts audacieux à la vie ou des réminiscences de conceptions venant de l’époque de l’iconoclasme et même de l’Antiquité. Les fresques de l’église de Boïana (1259) offrent le plus bel exemple de la vitalité de cet art. La variété des personnages représentés, la fraîcheur du coloris, la diversité et la richesse d’invention des compositions, les détails curieux annoncent l’esprit qui animera plus tard la renaissance Paléologue. L’essor des arts en cette époque florissante se manifeste également dans la miniature. L’activité de l’école littéraire fondée par Thódossi Tirnovski ouvre de larges possibilités aux peintres miniaturistes. Ils décorent non seulement des livres ecclésiastiques, mais aussi des œuvres historiques. L’expérience accumulée justifie leur audace d’aller au-delà des limites imposées par les modèles grecs qu’ils utilisent et d’emprunter à la vie réelle des éléments et des images jusqu’alors interdits. Les miniatures de la Chronique de Manassès (1345, Vatican), l’Évangéliaire du tsar Ivan Alexandre (1356, British Museum, Londres), le Psautier Tomi が (XIVe s., Musée historique de Moscou) et d’autres manuscrits ont une grande importance pour la compréhension des tendances complexes qui animent l’évolution générale de la miniature chrétienne en Europe de l’Est, et marquent une nouvelle étape dans la slavisation des modèles plus anciens. L’orfèvrerie, la céramique et la sculpture sur bois s’épanouissent également. Les portes de l’église de Chrélu (1334-1335), les armures représentées dans les icônes de Nesebr (XIVe s.) et du monastère de Ba face="EU Caron" カkovo (1310) ainsi que les parures trouvées à Tirnovo jettent une riche lumière sur le caractère des techniques et des motifs utilisés (tresses, fleurettes, personnages, bêtes fabuleuses parmi lesquelles on remarque surtout des lions, des griffons, etc.).

Un art national

La conquête de la Bulgarie par les Turcs en 1396 change radicalement les conditions de la production artistique: de nombreux artistes s’enfuient en Roumanie, en Serbie et en Russie, et la plupart des œuvres anciennes sont détruites. Mais les traditions ne sont pas oubliées partout – les cycles de fresques de l’église des Saints-Pierre-et-Paul à Tirnovo (XVe s.), du cloître Orlitza, du monastère de Rila (1491), du monastère de Dragalevei (1476), du monastère Saint-Démétrios de Boboševo (1488), du monastère de Krémikovci et du monastère de Poganovo suggèrent l’importance primordiale de l’art bulgare dans l’évolution de toute la peinture balkanique de cette période. Dans les fresques citées ci-dessus, ainsi que dans les icônes conservées, on trouve des personnages très expressifs, de nouvelles compositions à perspective plus compliquée et d’exotiques détails ethnographiques. Le retour aux modèles devient une norme dans l’activité de beaucoup de générations de peintres imagiers.

Malgré de nombreuses vicissitudes, l’art du pays se développe au cours des siècles suivants. Les fresques de la seconde moitié du XIVe siècle (Nesebr, 1599; Voukovo, 1598, etc.) et de la première moitié du XVIIe (réfectoire du monastère de Ba face="EU Caron" カkovo, 1643; église de la Nativité à Arbanassi, 1649, etc.) témoignent d’un enrichissement considérable des anciens cycles thématiques (images des philosophes antiques, des conciles, des portraits en groupes des donateurs, etc.). Il faut souligner le rôle des monastères et des chapelles bulgares du Mont-Athos, dont les ateliers créent de nouveaux motifs iconographiques et mettent en œuvre de nouvelles conceptions plastiques. Dans ces ateliers et surtout au monastère de Zograf se forment des peintres imagiers qui travaillent dans différentes régions du pays (tel le peintre imagier Pimen qui vécut au XVIIe s.).

La renaissance bulgare

L’essor économique de la Bulgarie durant le XVIIIe siècle et l’extension des contacts avec l’Europe donnent une impulsion aux arts: on construit des églises plus grandes qu’autrefois, ainsi que des maisons spacieuses qui ne sont plus cachées au fond des cours comme des forteresses inaccessibles mais s’ouvrent sur les rues des villes commerciales et artisanales prospères. Le sentiment de l’affranchissement social et spirituel pénètre tous les arts. Naissent et fleurissent alors quelques écoles, celle de Triavna ainsi que celles de Samokov, de Bansko-Razlog et de Débar. Certaines d’entre elles contribuent au développement de la peinture d’icônes, de la peinture monumentale, de l’orfèvrerie, de la sculpture et de la gravure sur bois (celle de Samokov, par exemple), d’autres restreignent leurs activités et ne se consacrent plus qu’à la sculpture sur bois (Débar). Les centres artisanaux étendent leur activité artistique, tels Tchiprovtzi et Kotel où l’on fabrique des tapis. Dans certains autres comme Boussintzi, Troian, entre autres, la poterie est un métier qui se transmet de génération en génération. La rivalité inévitable, le critère esthétique élevé et l’élargissement de l’horizon contribuent au développement de l’individualisme des artistes – le style propre aux maîtres comme Toma Vichanov, N. I. Obrasopisetz, Papa Vitan, Yonko Vitanoc, M. Négriev complète et enrichit les particularités des différentes écoles. L’école artistique de Christo Dimitrov de Samokov a joué un rôle positif. Ce dernier a fait ses études à Vienne et formé toute une lignée de peintres. Son fils, Zacharie Zographe, est une des plus remarquables figures de la culture de cette époque – ses fresques au monastère de Rila, de Troian, de Préobrajénie et de Ba face="EU Caron" カkovo, ainsi qu’à la lavra Saint-Athanase au Mont-Athos sont des œuvres d’une riche imagination, qui charment par leurs détails animés et réalistes. Vers le milieu du XIXe siècle, des tendances se développent dans l’œuvre d’un groupe de peintres ayant reçu une solide éducation académique: Nikolaï Pavlovitch étudia à Vienne et à Munich; Stanislav Dospevski à Moscou et à Saint-Pétersbourg; Christo Zokev à Moscou; Dimitri Dobrovitch à Athènes et à Rome. Ces peintres, en se libérant des poncifs iconographiques, préparent le vrai épanouissement du portrait laïque et réaliste. N. Pavlovitch crée une série de lithographies et de tableaux à l’huile à caractère historique, influencés par les nazaréens et par le style théâtral de Piloty.

2. Macédoine et Serbie

La christianisation et ses premiers effets (IXe-XIe s.)

Le christianisme s’est affermi parmi les Slaves macédoniens, principalement pendant la période d’évangélisation par les disciples des apôtres des Slaves: Cyrille et Méthode. Ceux-ci avaient élevé de nombreuses églises en Macédoine, vers la fin du IXe et au début du Xe siècle, à l’époque de l’Empire bulgare. Plusieurs petits sanctuaires à plan triconque, à Ohrid et dans ses environs, ont été fondés grâce aux célèbres prédicateurs Clément et Naum (entre autres les monastères de Saint-Pantéléimon et de l’Archange-Saint-Michel).

À peu près à la même époque, dans l’État serbe indépendant de Raška (Rascie), fut construite la première église épiscopale, la rotonde de Saint-Pierre près de Novi Pazar.

Après la création d’un centre catholique influent sur le littoral sud de l’Adriatique en Duklja (Dioclée), les Serbes élèvent beaucoup de petites églises de différents types: à coupole et à nef unique (Saint-Georges de Podgorica, Saint-Thomas de Kuti, Saint-Michel de Ston), à plan triconque (Saint-Pierre de face="EU Caron" アi face="EU Caron" カevo près de Trebinje, Saint-Thomas de Pr face="EU Caron" カanj, Saint-Jean de Zaton sur le Lim), ou à plan polylobé, octoconque (église de Ošlje près de Ston), et des rotondes (Saint-Tryphon de Kotor). Bâties entre le début du IXe et la fin du XIe siècle, ces églises constituent un groupe de monuments pré-romans, décorés de sculptures en méplat (les mieux conservés se trouvent à Kotor et à Ston), et par endroits de fresques de style roman primitif (Saint-Michel de Ston). La construction de ces monuments est autant l’œuvre des autochtones romains que des nouveaux venus slaves. La plupart de ces édifices datent du XIe siècle, du temps de l’État serbe indépendant de Duklja.

La Macédoine sous l’Empire byzantin (XIe-XIIIe s.)

Ayant soumis l’État du tsar slave Samuel, au début du XIe siècle, les Byzantins restèrent en Macédoine presque sans interruption jusqu’à la fin du XIIIe siècle, ou plus précisément jusqu’aux premières décennies du XIVe siècle. C’est l’époque de la construction de très beaux monuments, églises et monastères, dans l’esprit de l’art byzantin de la capitale ou des provinces. Les grandes basiliques à trois nefs et à coupole des XIe et XIIe siècles – Sainte-Sophie à Ohrid, Saint-Achille sur le lac de Prespa, Saint-Léonce à Vodo face="EU Caron" カa – étaient des sièges épiscopaux. Les plans des églises de monastères étaient différents: l’église de la Vierge Eleusa à Veljusa (fin du XIe s.) est à plan tétraconque, Saint-Pantéléimon à Nerezi (1164) est à croix inscrite, avec cinq coupoles. Les églises à croix inscrite, à une coupole et à façade décorée d’ornements en terre cuite sont le type d’architecture le plus fréquent du XIIIe siècle, et elles sont influencées par l’art de l’Épire (église de la Vierge Péribleptos et Saint-Jean Canéo à Ohrid, fin du XIIIe s.). Les petites églises des villes comportaient, en règle générale, une nef voûtée en berceau.

Les ouvrages de peinture ont une plus grande valeur que les ouvrages d’architecture. Les fresques du XIe siècle à Sainte-Sophie d’Ohrid et à Vodo face="EU Caron" カa, dues selon toute probabilité à des peintres de Thessalonique, par leur monumentalité et leur austérité, par la richesse de leur iconographie et la sobriété de leurs coloris sombres, sont à classer parmi les œuvres les plus remarquables de l’art byzantin religieux. On peut leur adjoindre les fresques de Veljusa, qui datent de la fin du XIe siècle, œuvre d’un artiste de Constantinople. Le XIIe siècle a légué des pièces remarquables, représentatives de l’art des Comnènes: icône de l’Annonciation d’Ohrid (début du XIIe s.), fresques de Nerezi (1164), exécutées par l’un des plus grands peintres de l’époque, et fresques de Kurbinovo (1191). Tandis que les fresques de Nerezi offrent un exemple classique du style «impressionniste» des Comnènes et du graphisme qui le caractérise, celles de Kurbinovo témoignent du «maniérisme» de la fin de l’époque, comme les fresques de Lagudera dans l’île de Chypre.

La prise de Constantinople par les Latins, en 1204, marque un déclin de l’activité artistique. C’est le clergé du pays qui se charge d’orienter l’art, et non plus, comme un siècle auparavant, les hauts prélats byzantins et la noblesse. Après la libération de la capitale, en Macédoine, des groupes de peintres, originaires du pays, continuent à travailler sous la direction de l’archevêché d’Ohrid, et conformément aux instructions du diacre Jean, référendaire de l’archevêché. De cette période datent les peintures murales de l’église Saint-Nicolas au village de Manastir (1271), l’icône de Saint-Georges à Struga (1266-1267), et, sous leur influence, les fresques des Saints-Archanges de Prilep, celles de Saint-Démétrios, de Prilep également, et de Saint-Jean Canéo d’Ohrid. Cette peinture reproduit en grande partie les solutions artistiques de l’époque des Comnènes, bien qu’on puisse y distinguer également certains traits du style monumental plastique du XIIIe siècle. C’était cependant un art désuet, provincial par son expression, nettement ecclésiastique, surchargé par une multitude d’énigmes iconographiques.

Vers la fin du XIIIe et au début du XIVe siècle, dans la Macédoine du Sud, apparaissent des peintres d’une orientation nouvelle. À la même époque, on importe des icônes de Constantinople (la vierge Hodigitria avec la Crucifixion au revers, la Vierge Psychosostria avec l’Annonciation et le Christ Psychosostis avec la Crucifixion – toutes à Ohrid), spécimens du nouveau style des Paléologues. Dans l’église de la Vierge Péribleptos à Ohrid (1294-1295), les peintres Michel et Eutychios donnent à la peinture murale un style de transition entre le style monumental du XIIIe et le style narratif du début du XIVe siècle. Expressif et violent, ce style sera modifié lorsque ces artistes seront passés au service du roi serbe Milutin.

La Macédoine du Nord a été conquise par les Serbes en 1282, celle du Sud en 1334. Après ces dates, et jusqu’à la fin du XIVe siècle, c’est-à-dire jusqu’à sa chute sous la domination turque, la Macédoine partagera le sort de l’État de Serbie, et aura un développement artistique identique à celui des pays serbes.

La Serbie à l’époque des Nemanji size=5が et de leurs successeurs (XIIe-XVe s.)

Vers le milieu du XIIe siècle, la Raška redevient le centre de l’État serbe, au moment où accède au trône Stefan Nemanja le futur fondateur d’une puissante dynastie. Nemanja, grand bâtisseur d’églises et de monastères, imprime en même temps une orientation nouvelle à l’art serbe. De son temps a lieu le passage du style architectural byzantin au style roman, et c’est de là que tire ses origines l’école dite de la Raška (Rascie). Après les églises de style byzantin (Saint-Nicolas de Kuršumlija) à une nef et à coupole, construites dans l’esprit de l’architecture constantinopolitaine de l’époque, Nemanja, ayant fait appel aux artistes du littoral, donne un aspect spécifique à ses églises, construites en pierre et en marbre. Le plan et la conception de l’espace restant byzantins, les églises reçoivent des façades romanes, couvertes de sculptures romanes (Djurdjevi Stupovi de 1170, l’église de la Vierge à Studenica, vers 1190). Ses successeurs prennent en premier lieu Studenica comme modèle, introduisant seulement quelques modifications dans l’aspect extérieur du bâtiment, et ajoutant, sous l’influence de l’architecture athonite, des chapelles latérales du côté ouest et des transepts bas (face="EU Caron" ォi face="EU Caron" カa vers 1220, Mileševa vers 1228, les Saints-Apôtres de Pe が vers le milieu du XIIIe siècle, Mora face="EU Caron" カa en 1252, Sopo がani vers 1260, Gràda が vers 1270, Arilje vers 1290, etc.).

La peinture murale du temps de Nemanja se conforme aux conceptions de l’art des Comnènes (Djurdjevi Stupovi). Cependant, la prise de Constantinople par les Latins, la création de l’église autocéphale de Serbie en 1219 et du royaume de Serbie en 1217 attirent en Serbie les artistes de Constantinople et de Thessalonique, qui exécutent là les œuvres les plus remarquables de l’art byzantin de l’époque. Depuis Studenica (1208-1209), face="EU Caron" ォi face="EU Caron" カa (1220), Mileševa (1228), Pe が (milieu du XIIIe s.) jusqu’à Sopo がani (vers 1265), Gràda が (1276) et Arilje (1296) s’élève une série d’ensembles monumentaux, décorés de grandes compositions, avec des saints athlétiques et des figures expressives, qui représentent un nouveau courant dans l’art byzantin. Aux sujets habituels de la peinture byzantine viennent s’ajouter des cycles historiques et des portraits qui glorifient les nouveaux saints du pays, de la dynastie des Nemanji が. En Serbie, les ateliers de peintres recrutés sur place se constituent au XIIIe siècle. Ces peintres décorent des églises moins importantes, mais ils le font dans l’esprit des artistes étrangers et cultivent un art en vogue à l’époque (Saint-Nicolas à Studenica, Mora face="EU Caron" カa, etc.).

L’art de la miniature oscille entre l’Occident roman (Évangile de Miroslav , fin du XIIe s.), Byzance (Évangile de Vukan , début du XIIIe s.), l’Orient chrétien (Évangile de Prizren , milieu du XIIIe s.) et le style populaire «tératologique» (un grand nombre des manuscrits de Hilandar, datant du XIIIe s.).

La pénétration des Serbes en Macédoine, sous le roi Milutin, ouvre l’ère de leurs conquêtes des territoires byzantins. Les Serbes s’arrêtent vers le milieu du XIVe siècle sur les bords du golfe de Corinthe, devant Thessalonique et Philippes, et le souverain serbe Dušan se fait couronner empereur des Serbes et des Grecs en 1346. L’art serbe perd alors son unité. Quant à l’architecture de la Serbie du Sud et de la Macédoine, une nouvelle école que Gabriel Millet a nommée byzantino-serbe se constitue. Ce sont des églises à croix inscrite, à une ou cinq coupoles, construites à la manière byzantine, en pierre et en brique, selon une technique en honneur à l’époque (Vierge Ljeviša, 1306; Saint-Nikita près de Skoplje, vers 1310; Gra face="EU Caron" カanica, vers 1315; Lesnovo, 1341; le monastère de Marko, 1346-1347; Zaum, 1361, etc.). Sur le littoral de l’Adriatique, parmi les Serbes catholiques, on bâtit des basiliques romano-gothiques, à une ou trois nefs, dont les donateurs sont les souverains ou les nobles (monastères franciscains de Kotor et de Bar, de 1288; Ratac, vers 1340; cathédrale et monastère franciscain de Sva face="EU Caron" カ, fin du XIIIe et début du XIVe s., etc.). Sur les territoires de l’ancienne Raška, les mélanges de styles byzantino-occidentaux sont toujours pratiqués; le plan et la conception de l’espace dans la plupart des cas restent byzantins – bien qu’on rencontre aussi des basiliques du type occidental à cinq nefs –, tandis que la décoration des façades est romano-gothique (Banjska, vers 1315; De face="EU Caron" カani, 1327-1335; Banja près de Priboj, vers 1330; les Saints-Archanges près de Prizren, vers 1348; Matei face="EU Caron" カ, vers 1355, etc.). Ce sont, en outre, les plus grandes églises bâties en Serbie au Moyen Âge.

Avec l’arrivée d’Ohrid des peintres Michel et Eutychios à la cour du roi Milutin, le style de la renaissance des Paléologues dans son plein épanouissement gagne la peinture des milieux de la cour. Préoccupés dans le domaine de l’art par des problèmes identiques à ceux des peintres de Constantinople et de Thessalonique, Michel et Eutychios ont décoré, pour le compte du roi, l’église de la Vierge Ljeviša (vers 1312), l’église du roi à Studenica (1314), Saint-Nikita près de Skoplje (vers 1315), Staro Nagori face="EU Caron" カino (1316-1318) et, probablement, Gra face="EU Caron" カanica (1320-1321). En y introduisant certaines modifications et sans rester strictement fidèles aux modèles classiques, leurs successeurs ont continué à pratiquer leur art dans les églises royales et archiépiscopales, jusqu’au milieu du XIVe siècle (Zi face="EU Caron" カa, vers 1309-1316; Banja près de Priboj, vers 1330; Treskavac vers 1343; Saint-Démétrios à Pe が, vers 1345; De face="EU Caron" カani, 1348 et 1350). Chaque scène qui groupe de nombreuses figures est rigoureusement composée et placée dans un espace défini par des éléments d’architecture, placés en perspective inverse; le caractère narratif et la multitude des cycles et des saints définissent cette peinture; toute monumentalité a disparu.

Au cours du deuxième quart du XIVe siècle, les donateurs sont de plus en plus nombreux parmi les seigneurs et les moines. Tandis que la peinture exécutée aux frais des nobles imite les réalisations de la cour, quoiqu’elle soit de moindre valeur (Ljuboten, vers 1348; Dobrun, vers 1343; Psa face="EU Caron" カa, vers 1370; Re face="EU Caron" カani, vers 1370, etc.), l’art monastique devient de plus en plus anticlassique, expressionniste, enclin aux déformations (l’église de la Vierge à Pe が, vers 1335; Lesnovo, vers 1348-1349; Zaum, 1361; Pološko, vers 1370; Zrze, 1369, etc.). Les régions nord de la Raška, autrefois centre de l’État, versent dans le provincialisme et le primitivisme (chapelles latérales à Sopo がani, vers 1340; Bela Crkva à Karan, vers 1342), et sur le littoral on voit comme à Venise des associations de formes byzantines et gothiques (Saint-Tryphon de Kotor, vers 1330).

La miniature et la peinture d’icônes prennent modèle sur le style de la peinture murale, et souvent les mêmes peintres exécutent fresques et icônes (icônes d’Ohrid, de De face="EU Caron" カani, de Hilandar, du milieu du XIVe s., Évangile du patriarche Sava à Hilandar, etc.).

Vers le milieu du XIVe siècle apparaît en Macédoine une peinture aux tons clairs, empreinte de lyrisme (narthex de Sainte-Sophie à Ohrid, ouvrages de Jean Theorianos à Ohrid, église monastique de Matei face="EU Caron" カ près de Skoplje).

Après la victoire turque de la Marica en 1371, l’Empire serbe est morcelé en principautés, gouvernées par les dynastes locaux, et l’art y gagne en variété. En Macédoine, sous le règne du roi Marko, la tradition de l’époque précédente est maintenue, mais dans l’architecture, sous l’influence des monastères du Mont-Athos, c’est le plan triconque qui prédomine (Saint-André sur la Treska, vers 1388). Dans le domaine de la peinture, trois ateliers se distinguent par la qualité de leurs travaux: le premier, à Ohrid, recourt à un type d’expression pathétique et aux coloris sombres mais aux effets violents (les artistes de cet atelier travaillent dans la ville d’Ohrid même et au monastère de Marko, vers 1376); le deuxième, à Skoplje, cultive l’art monastique avec une propension à la déformation des figures et un goût du décoratif (deuxième groupe des peintres du monastère de Marko, Saint-Nicolas Šiševski, vers 1390, Lipljan, vers 1380, etc.); un troisième, à Zrze, dirigé par le métropolite Jean le Zographe, revient à la monumentalité du XIIIe siècle (SaintAndré sur la Treska, 1388-1389; Saint-Démétrios à Prilep, vers 1380; icônes du monastère Zrze, de 1394 et 1422.) Une activité artistique de grande valeur fut interrompue en 1395, après que la Macédoine fut tombée sous la domination turque.

Dans les autres régions serbes, le plan triconque que l’on trouve au Mont-Athos est de beaucoup le plus fréquent dans les églises. Dans le Pomoravlje (bassin de la Morava) et à Kosovo, sous le règne du prince Lazare et de ses successeurs, se forme un style architectural qui sera appelé l’école de la Morava. Les grandes et belles églises de ce style, à coupole et à une nef, à un clocher ou une calotte au-dessus du narthex (Lazarica à Kruševac, 1377; Dren face="EU Caron" カa, 1382; Velu がe, vers 1380; Naupara, vers 1380; Ljubostinja, vers 1388; Kaleni face="EU Caron" カ, vers 1413, etc.), ainsi que les églises à cinq coupoles (Ravanica, 1376-1377; Resava-Manasija, 1407-1418), sont décorées d’une riche sculpture où prédominent les entrelacs géométriques sur les façades, et les motifs végétaux et zoomorphes. Ce sont, d’ailleurs, les églises du Moyen Âge les plus richement décorées de sculptures.

La peinture y possède un caractère poétique. Elle diffère de celle de l’époque précédente par un coloris délicat, les éléments pittoresques des détails et de l’ensemble, et un nombre limité de thèmes iconographiques. La plupart des artistes qui l’ont exécutée sont venus du sud, de Byzance ou de Macédoine. Dans le Pomoravlje, ces peintres forment des disciples recrutés sur place. Les décorations murales les plus somptueuses se trouvent à Ravanica (vers 1385), Sisojevac (vers 1400) et Resava-Manasija (1418). Le style y est celui des ateliers de Thessalonique, développé et enrichi dans la région du Pomoravlje. Les peintures du monastère Kaleni が (vers 1415) et les miniatures de l’Évangile de Radoslav (1429), conservé à Saint-Pétersbourg, sont dues au peintre Radoslav. Leur coloris chaud en fait une des réalisations les plus délicates de la Serbie à cette époque. Ce style survit en Russie jusqu’aux temps du peintre Dionysios et de ses fils. Le groupe macédonien des peintres de Zrze a travaillé à Koporin (après 1402) et à Ljubostinja (1406). Dans le Pomoravlje, leur style s’adapte quant aux éléments décoratifs au goût local.

En dehors du Pomoravlje et de Kosovo, les seigneurs adoptent également le plan triconque du Mont-Athos. Celui-ci se répand jusqu’à la région de la Zeta où il s’associe au gothique du pays (petites églises sur le lac de Skadar datant du XIVe ou du XVe s.).

Les régions centrales de la Serbie succombent en 1459, et les régions du littoral et de la Zeta en 1496. Les derniers seigneurs de la Zeta, quoique orthodoxes, se rallient à l’art occidental. Ainsi, à Cetinje, on imprime en 1494 les premiers livres en caractères cyrilliques, mais, sous l’influence de Venise, leurs ornements adoptent un style gothique ou Renaissance.

La domination turque (XVe-XIXe s.)

Après la conquête de la péninsule balkanique par les Osmanlis, l’autocéphalie de l’Église serbe est abolie, Serbes et Macédoniens relèvent désormais de l’archevêché d’Ohrid. L’archevêché, grâce à la générosité de citoyens aisés, continue à élever de modestes églises à une nef, décorées de peintures murales. L’architecture et la peinture de la fin du XVe et du début du XVIe siècle prennent pour modèles les solutions de l’art provincial byzantin du XIVe siècle (Treskavac, Saint-Nikita, Kremikovci, Poganovo, etc.).

Le patriarcat de Pe が est rétabli en 1557. Au début, son activité artistique se donne comme but principal de restaurer les anciens monastères des Nemanji が, tant leur architecture que leurs peintures (Pe が, Gra face="EU Caron" カanica, Banja près de Priboj, Studenica, etc.). Parmi les peintres, l’un des plus éminents est le moine Longin qui, dans la seconde moitié du XVIe siècle exécute des icônes et des fresques dans l’esprit d’un art qui date du milieu du XIVe siècle (à De face="EU Caron" カani, Pe が, Lomnica, Piva, etc.). Au XVIe et au XVIIe siècle, l’architecture serbe s’enrichit d’un grand nombre de monuments qui reprennent les plans des églises médiévales: celles de Raška, aux transepts rectangulaires (Trijebanj, Dobrilovina, Pustinja, Ozren, etc.), du style de la Morava, à plans tréflés (monastères de la Fruška Gora, Papra がa, etc.), des basiliques à trois nefs, comme en Occident (Piva, Nikoljac, etc.), des églises à une nef et arcades aveugles sur les murs latéraux (surtout en Herzégovine).

La peinture monumentale et d’icônes est cultivée au XVIIe siècle par plusieurs ateliers renommés et des artistes de talent. L’atelier monastique de Hilandar travaille dans le style des maîtres crétois (Georgije Mitrofanovi が, Jean le Zographe, le prêtre Danilo, Mitrofan), et les peintres de Pe が, de Mora face="EU Caron" カa, de Piva et de Pljevlja créent des œuvres d’une belle inspiration quant au coloris, avec certains traits archaïques (Kozma, Andrija Rai face="EU Caron" カevi が, Radul, le prêtre Strahinja). Leur style aboutit au XVIIIe siècle à une activité qu’on pourrait nommer ethnographique (famille de peintres Dimitrijevi が-Rafajlovi が dans la Boka Kotorska).

Au cours des guerres austro-turques, les Serbes combattent aux côtés des Autrichiens. Après les victoires turques, ils quittent en masse, sous la conduite des patriarches de Pe が en 1690 et en 1739, les régions de Kosovo, de Macédoine du Nord et de Serbie, et s’installent dans les contrées situées au nord du Danube et de la Save. Là, peu à peu, ils adoptent la civilisation d’Europe occidentale et le style baroque. Les édifices baroques à une nef deviennent les églises types et possèdent un ou deux clochers. Après avoir passé par toutes les étapes stylistiques du XIXe siècle, on les construit de la même manière jusqu’à l’époque la plus récente (cathédrales de Karlovci, de Novi Sad, de Belgrade, de Temi ずoara).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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